1 – Qu’est ce qui caractérise la violence conjugale ?
2 – Sous quelles formes se manifestent les violences conjugales ?
3 – Y a t-il un profil type de personnes qui subissent la violence conjugale ?
4 – Un homme peut-il également être victime de violence conjugale ?
5 – Je suis victime de violences conjugales
6 – Je suis témoin de violences conjugales, que faire ?
7 – Que faire si je réalise que j’ai un comportement violent vis à vis de mon/ma conjoint(e) ?
Précaution de lecture : Les termes de victime / auteur, sont employés pour désigner un comportement associé à une situation, un contexte, dans un temps T. Il ne s’agit en aucun cas de définir une catégorie de personnes comme définitivement violente ou victime, mais bien de considérer l’être humain dans sa complexité, doué de capacités d’évolution, d’apprentissage, de changement.
Tout conflit, dans un couple, ne peut pas être qualifié de violence conjugale.
Le conflit est basé sur un mode de relation interactif, contrairement à la violence conjugale qui s’appuie sur une relation asymétrique, inégalitaire entre les deux partenaires.
La violence conjugale est, dans une relation privée ou privilégiée, une atteinte volontaire à l’intégrité de l’autre, une emprise, un conditionnement dont il est difficile de sortir lorsqu’on en est une des victimes. Il s’agit d’un processus déstabilisant et souvent mal compris par l’entourage. La violence conjugale est un comportement inacceptable et totalement interdit par la loi.
Elle survient de manière cyclique : le cycle de la violence comporte 4 phases : tension, agression, justification et réconciliation.
Tension : l’auteur a des excès de colère, menace l’autre du regard, fait peser de lourds silences… La tension est démesurée au regard du prétexte invoqué. Pour éviter une scène, la victime tente de devancer les attentes de son agresseur. Elle a peur.
Agression : l’auteur violente la personne victime (verbalement, physiquement, psychologiquement, sexuellement, économiquement, administrativement…). La victime se sent humiliée, démunie, a le sentiment que la situation est injuste.
Justification / transfert : l’auteur trouve des excuses pour justifier son comportement, utilise le prétexte déclencheur de la crise et retourne la faute contre la victime. La victime doute de ses propres perceptions et fini par endosser la responsabilité de l’épisode violent.
Réconciliation (aussi appelée « Lune de Miel ») : l’auteur demande pardon, minimise les faits, parle de thérapie, redevient attentionné… La victime espère, lui donne une chance, lui apporte son aide, constate ses efforts, change ses propres habitudes.
Les manifestations de violence ont tendance à s’intensifier avec le temps. Par ailleurs, plus l’emprise est importante, plus la phase de la « réconciliation » raccourcit. Les cycles se suivent et s’inscrivent donc dans une « spirale de la violence ».
Les violences conjugales peuvent se manifester sous des formes diverses :
→ Psychologique (menaces humiliations, non respect des besoins, des opinions, critiques systématiques…)
→ Physique
→ Verbale (insultes, hurlement…)
→ Economique (privation de ressources, interdiction de travailler, refus de l’auteur de violence de participer aux dépenses…)
→ Administrative (confiscation des documents administratifs lui appartenant, chantage aux papiers pour les personnes étrangères)
→ Sexuelle (sévices sexuels, pornographie imposée, viol conjugal…)…
Toutes les formes de violences sont anormales et interdites par la loi.
La violence conjugale est observée dans tout milieu socio-économique, dans tout environnement culturel et quelle que soit sa préférence sexuelle (hétérosexuelle, homosexuelle,…). Elle peut concerner des personnes de toute appartenance religieuse. Elle existe aussi bien en milieu urbain que rural.
La violence conjugale n’a pas d’âge non plus : elle peut s’installer de la mise en place d’une relation amoureuse à la mort du couple.
Oui. Les victimes sont majoritairement des femmes, en raison notamment de stéréotypes culturels sexistes persitants (selon la Commission Européenne, 98% des victimes sont des femmes). Mais les hommes peuvent également être victimes de violences de femmes (physique, psychologique, sexuelle…). Il peut leur être difficile d’en parler puisque la violence vient atteindre l’image sociétale de l’homme (être forts, dominants, souffrir en silence…).
A qui je peux m’adresser pour être accompagné(e) ecouté(e) et soutenu(e) ?
Vous pouvez contacter une association spécialisée dans l’écoute et l’accompagnement des victimes de violences (SOS femmes, AAVAS, Conseillère Conjugale, CIFF, ). Vous pouvez également solliciter votre référent social de secteur (MDS, CCAS). Ces structures pourront vous soutenir, vous informer et vous conseiller en fonction de votre situation.
Dois-je déposer plainte ?
La plainte est soumise à la décision de la victime. Toute personne victime a le droit de porter à la connaissance de la justice les violences qu’il subit. Vous pouvez vous rendre auprès des services de police ou de gendarmerie où vous serez invité à signaler et consigner par écrit les violences subies.
Il est demandé aux officiers de Police et de Gendarmerie de privilégier le dépôt de plainte concernant les violences conjugales. Et pour cause,une main courante ou un procès verbal de renseignement judiciaire n’entraineraient pas d’enquête. Vous êtes en droit d’insister pour déposer plainte si votre interloculteur ne vous y invite pas.
Personnes ressources
Vous pouvez vous rapprocher :
– D’un avocat ou du CIFF, CIDFF, ou de l’ADAVEM, afin d’être guidé(e), accompagné(e) dans les différentes démarches juridiques.
– D’un référent social (Maison Des Solidarités de votre secteur ou la Caisse d’Allocations Familiales) pour être renseigné(e) sur les différentes aides financières et mesures d’accompagnement dont vous pouvez bénéficier auprès de l’assistante sociale de votre lieu d’habitation ou l’assistante sociale de la Police et Gendarmerie.
– D’un(e) médecin ou d’un(e) sage-femme : dans tous les cas, que les violences subies aient été psychologiques ou physiques, il est important de les faire constater, car le certificat médical vaut pour preuve dans le cadre d’une procédure judiciaire. Ce certificat descriptif peut être établi à l’unité médico-légale de l’hôpital, par un(e) médecin généraliste ou par un(e) sage-femme. Pour servir de preuve, il doit être réalisé aussi rapidement que possible. Plus vite il est établi, plus les éléments consignés seront précis et conséquents.
Les enfants sont-ils en danger ?
Oui. Les enfants exposés aux violences conjugales sont aussi victimes.
La violence atteint toute la famille (pour cette raison, les professionnels parlent de violences intrafamiliales), les enfants sont sensibles au climat anxiogène généré par les violences.
Ceci a des conséquences sur leur développement et leur comportement. Vous pouvez en parler avec votre médecin et/ou référent social.
Vous pouvez appeler le , numéro gratuit « Violences femmes infos » : des professionnels se chargeront de vous conseiller au mieux en fonction de la situation dont vous êtes témoin.
Vous pouvez également contacter un travailleur social (CCAS, MDS).
En cas d’urgence, contactez les services de Police ou de Gendarmerie (17).
Si vous réalisez avoir un comportement violent, ne restez pas isolé(e) : parlez en à votre entourage ou faite vous aider par des professionnels.
N’attendez surtout pas de vivre des situations extrêmes pour oser parler de ce qui provoque cette violence envers votre partenaire. Un professionnel peut vous aider.